Ce qui dure

Le présent se fait vide et triste,
Ô mon amie, autour de nous ;
Combien peu de passé subsiste !
Et ceux qui restent changent tous.

F6b74

Nous ne voyons plus sans envie
Les yeux de vingt ans resplendir,
Et combien sont déjà sans vie
Des yeux qui nous ont vus grandir !

F6b74

Que de jeunesse emporte l'heure,
Qui n'en rapporte jamais rien !
Pourtant quelque chose demeure :
Je t'aime avec mon coeur ancien,

F6b74

Mon vrai coeur, celui qui s'attache
Et souffre depuis qu'il est né,
Mon coeur d'enfant, le coeur sans tache
Que ma mère m'avait donné ;

F6b74

Ce coeur où plus rien ne pénètre,
D'où plus rien désormais ne sort ;
Je t'aime avec ce que mon être
A de plus fort contre la mort ;

F6b74

Et, s'il peut braver la mort même,
Si le meilleur de l'homme est tel
Que rien n'en périsse, je t'aime
Avec ce que j'ai d'immortel.

F6b74

René-François SULLY PRUDHOMME
1839 - 1907

Date de dernière mise à jour : 21/09/2025

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