Créer un site internet

La vie

 

Lors de ma dix-septième année ,

Quand j'aimais et que je rêvais ,

Quand par l'espérance entraînée ,

J'allais riant des jours mauvais ;

 

Quand l'Amour ce charmeur suprême ,

Endormait le soupçon lui-même

Dans mon coeur craintif et jaloux ;

 

Quand je n'avais pas d'autre envie

Que de passer toute ma vie

Entre ma mère et mon époux .

 

J'avais une joie indicible à contempler dans l'avenir

Ces tableaux d'un bonheur paisible

Qui ne devait jamais finir :

 

Le foyer , les soins du ménage ,

C'était à la fleur de mon âge

Tout ce que j'ambitionnais ;

 

 

Et les yeux pleins de ce mirage ,

Malgré les menaces d'orage 

Au courant je m'abandonnais .

 

Aujourd'hui , sans trouble ni peine ,

Ni remords , je songe au passé .

 

Tout a fui ,

L'Amour et la haine 

Qui tenaient mon coeur oppressé .

 

Je sonde ma vieille bléssure ,

Et presque en tremblant , je m'assure 

Que je survis à tant d'efforts .

 

Tel à la fin d'une campagne ,

Sous l'émotion qui le gagne ,

Un général compte ses morts.

 

Lors de ma dix-septième année ,

Je rêvais la vie ;

à présent 

Je la juge , encore étonnée ,

Mais ne blâmant ni n'accusant.

 

Beaucoup d'illusions chéries gisent flétries

à chaque étape du chemin .

 

Cependant que regretterai-je ?

Dès qu'un tourment nouveau m'assiège ,

L'eternel me prend par la main .

 

J'ai compté plus d'une heure sombre 

Mon espérance m'a menti .

 

Des maux ,des tristesses sans nombre 

Courbent mon front appesenti .

J'ai fait l'apprentissage austère

Qu'il faut que toute âme sur terre 

Fasse au dépend de son bonheur ;

 

Qu'iporte ? ma paix va renaître ,

Puisque ainsi j'appris à connaitre 

L'immense bonté du Seigneur !

1c0ebcad8f

Date de dernière mise à jour : 23/01/2024

  • 1 vote. Moyenne 5 sur 5.

Ajouter un commentaire

Anti-spam